[DUMP#1] – 11.09.2025 – Lannat

Lannat débarque avec DUMP, la nouvelle émission mensuelle !

Au programme aujourd’hui : de la trap sous toutes les sauces, l’interview de 6oyave et un mensonge.

DUMP, c’est avant tout l’histoire d’un gars qui s’étonne que ses amis “n’aient pas la réf” quand il parle d’un artiste inconnu, qui compose un genre obscur, le tout dans une contrée lointaine… C’est ce même gars qui partage sans compter ses nouvelles trouvailles musicales, et qui pourtant ose s’indigner que les gens n’aient pas tout écouté.

Alors il avait trouvé un premier compromis : une playlist. Les 14 meilleurs titres qu’il a écouté, le plus niche possible, et qui sont sortis uniquement le mois précédent. Mais même ça, ça n’était pas assez : la musique, ça se partage, et au plus grand nombre si possible…

Et grâce à Radio Campus Amiens, tout les deuxièmes jeudi du mois, de 20h à 21h, Lannat vient abreuver votre culture musicale en vous présentant sa playlist mensuelle, le tout accompagné d’entretiens avec les artistes, afin que vous puissiez, vous aussi, vous faire refuser le Bluetooth ou le câble Jack en soirée parce que “personne ne connaît”.

 

Tracklist

La playlist est disponible sur Spotify et YouTube.

AK – Oiseaux
Shbash, DJ Gawad – SHAGHLEH
Maliciouschina – HE THINK HE SAFE
TH – Interstellar
Cherry Pie – ALLEY OOP
Interplanetary Criminal, Travy – Fón Póca
ZULAN, Kidwild – Match My Speed
Tooth Rust – Rude Mechanicals
Skin on Skin – Ooo
Skepta, Fred again… – Back 2 Back
Overmono, High Contrast – If We Ever
Silva Bumpa, MC DT – Doin’ it
Deekapz, Gab Ferreira – Manias Disfuncionais
Malibu – Spicy City

Interview – Goyave

Bonjour Goyave, peux-tu tout d’abord te présenter en quelques mots pour les auditeurs de DUMP qui ne te connaîtraient pas ?
 
Salut, moi c’est 6oyave, ou Goyave, comme vous voulez. Je fais du son depuis que je suis petit mais le beatmaking, ça fait 5 ans que j’en fais, et je bosse principalement avec Noviceland.
 
Tu t’es fait connaître avec des projets où tu remixes les récentes sorties de rap français. Ton remix du morceau Madère à l’air d’avoir plu à Noviceland, à en voir les likes de TH et de Farid Bourimech, le fondateur du label. Comment la connexion s’est développé avec le label pour aboutir à la production d’Interstellar ?
 
En fait, la connexion elle se crée car je fais beaucoup de remix, et j’avais fait il y a un peu plus d’un an, un reprod de Madère de TH, que j’avais posté en story Instagram. De là, TH, qui aime beaucoup, me demande de lui envoyer la prod, et fait le son qui devient par la suite Interstellar.
 
A partir de là, plus ou moins un an passe, pas trop de nouvelles; et là le label Noviceland indique sur le channel Beatmaking de leur WhatsApp, qu’ils font un séminaire et que l’on peut s’inscrire pour venir au studio.
En arrivant au studio, on parle un peu, je vois qu’il se souvient de moi, et voilà, c’est un peu comme ça que lemorceau est né, et qu’il est ressorti un peu des mémoires de tout le monde au label. On a fignolé le son, on l’a terminé, il est sorti pour le Grünt, il est sorti pour les plateformes et voilà.
 
On commence à te voir placer tes beats auprès de différents rappeurs, TH en premier lieu mais aussi Celestino ou ADM, qu’est-ce qui t’a attiré dans la collaboration avec ces derniers ?
 
Concernant les autres artistes avec qui je bosse, Celestino je penseque c’est la personne avec qui j’ai le plus travaillé : on a sorti pas mal de sons ensemble, c’est lui qui m’a fait travailler avec d’autres… Parce que moi, je travaillais beaucoup tout seul : je faisais des prods, des prods, des prods, mais j’avais pas forcément le réflexe de les envoyer, d’essayer de me faire une audience, et d’essayer de travailler avec des rappeurs, et j’attendais un peu que ça vienne à moi… Et avec Celestino, ça s’est un peu passé comme ça : il m’a envoyé un DM, de là on a fait quelques sessions studio, on s’est très bien entendu, on a continué à fairede la musique ensemble, et du coup on a pas mal de morceaux ensemble, de collabs avec d’autres artistes que personnellement j’aime beaucoup, et ça me touche beaucoup de pouvoir travailler avec lui.
 
Pour ADM, c’est un peu pareil : même si c’est plus une connaissance de connaissance, c’est un très bon ami à moi, qui est de sa famille en fait, et donc on a pu bosser ensemble sur un deux titres; et là c’est pareil : c’est mes potes, donc je leur ai donné accès à mon drive avec toutes mes prods, ils ont pioché dedans, et de là c’est parti comme ça, ils ont enregistré, et puis voilà.
 
Encore merci d’avoir répondu à mes questions. Quelle est la suite pour toi, dans et hors Noviceland ?
 
Merci à toi, merci à toi de t’intéresser au domaine du beatmaking, qui est quand même rarement mis en lumière : c’est quand même assez dur d’être connu du grand public en tant que beatmaker, donc c’est cool s’il peut y avoir des interviews, des trucs comme ça, que ça se démocratise le plus possible, c’est très cool.
 
La suite, pour moi, elle est évidente : dans Noviceland. De toute façon, ma rencontre avec Noviceland, elle a été ultra naturelle et ultra carrée, je trouve que c’est des gens dans l’industrie qui sont intègres, gentils, respectueux, et je trouve que c’est quand même assez dur de rencontrer des gens avec qui ça “fit” aussi bien, dès le début, dans l’industrie de la musique. Et puis, j’attends de pouvoir bosser plus longtemps avec eux, que ce soit TH ou Yoshimura, ou même d’autres gens; je sais qu’ils ont beaucoup d’opportunités, comme on est principalement un label de compositeurs, il y a souvent beaucoup d’artistes qui viennent nous demander des prods, et ça, c’est très cool. Par exemple, on peut bosser avec des gens qui ne sont pas dans le label, mais que Farid, lui, le gérant, connaît.
 
Après, hors du label, on verra bien : moi, je continue à faire de la musique avec les gens avec qui je m’entends bien, je continue à faire de la musique de mon côté. Je suis intéressé par plein d’autres trucs que le rap, je commence à essayer de produire de plus en plus de trip-hop, d’ambiant, des trucs un peu plus electronica, musique électronique, un truc un peu chelou, mais j’expérimente, donc pourquoi pas un petit projet dans pas si longtemps, peut-être.
 

Interview – Tooth Rust

Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter brièvement ?

Cher ami, merci de m’accueillir ! Je m’appelle Tooth Rust, je suis producteur.ice et musicien.ne basé.e à Londres. Si je passe une grande partie de mon temps à me détruire le dos devant mon bureau à créer des sons douteux, le reste de ma vie se partage entre l’écriture et la performance de poésie, l’activisme politique et mon travail dans une ligne d’écoute pour les personnes transgenres, où j’y anime également des groupes de soutien.

Je me définis souvent par l’adage « ontologiquement coupable, existentiellement “horny” », et j’essaie de vivre selon les principes qui permettront un jour au communisme de s’épanouir.

Ton projet, Jump Discontinuity, est sorti en juillet sur le label All Centre. Cet EP est un véritable melting-pot de la scène électronique underground anglaise actuelle : grime, breaks, leftfield, drum ‘n’ bass… Que représente cette scène pour toi ?

La scène comme tu la décris suscite en moi une étrange ambivalence; le lieu où ces formes musicales prennent vie et se développent : c’est le club ou la rave. Mais ces dernières années, j’y ai passé.e de moins en moins de temps, pour des raisons liées à ma santé mentale et à l’anxiété que j’y ressens souvent.

De plus, concilier cela avec mes autres engagements est devenu de plus en plus difficile. Je ne parviens pas à trouver l’utopie prônée par beaucoup dans ce milieu, ni même la possibilité d’un quelconque changement politique dans les clubs ou le circuit musical. Je me sens donc assez à l’écart de la vie sociale, que je perçois à travers le prisme aliéné des réseaux sociaux, et ce sentiment de ne pas tout comprendre qui transparaît souvent dans ma musique. Parallèlement, j’adore les sound systems puissants, me perdre dans la foule, me laisser emporter par l’énergie des dancefloors. Mais accéder à cet univers m’est souvent difficile.

Ce n’est pas ton premier projet : ton premier EP, Glut, est sorti il ​​y a trois ans ; tu es cofondatrice du projet noise/expérimental Egg Meat, avec ton acolyte Georgie McVicar… Que réserve l’avenir à Rust Tooth ?

Mon premier EP est sorti en 2021 sur un super label tenu par des amis, Church Encore, je tenais à le mentionner pour leur témoigner ma reconnaissance, mais aussi parce que je n’avais jamais vraiment envisagé.e de sortir de la musique. C’était juste un passe-temps un peu bête dans ma chambre, et ils m’ont encouragé à partager mes créations, ce que j’ai énormément apprécié.e. Un grand merci également à Alec Pace d’Early Reflex pour avoir fait connaître ma musique à un public plus large et pour avoir cru en moi.

Je fais aussi partie d’un groupe d’improvisation libre appelé GUE, qui est très différent. Mais mon projet principal est un album sur lequel Georgie McVicker et moi travaillons sous le nom d’Egg Meat, et qui devrait sortir début 2026. C’est de loin le projet le plus ambitieux auquel j’ai participé, et j’ai vraiment hâte de le partager avec le public. J’aimerais aussi travailler sur un album solo, mais pour l’instant, c’est en suspens.

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